Ma vie de Bacha Posh
Nadia Hashimi

Je pense que vous n’êtes pas sans connaître mon amour incommensurable pour Nadia Hashimi, une auteure américano-afghane dont j’ai adoré tous les romans à ce jour. Ses couvertures sont toujours magnifiques et me donnent à chaque fois envie de découvrir une nouvelle histoire bouleversante. Merci aux éditions Castelmore pour cette lecture.

Le résumé

La famille d’Obayda aurait bien besoin d’un peu de chance : depuis l’accident de leur père, la vie dans la campagne afghane n’est pas facile pour la fillette de dix ans et ses soeurs. La tante d’Obayda a une idée pour leur porter bonheur : transformer la fillette en bacha posh, c’est-à-dire la faire passer pour un garçon. D’abord désemparée, Obayda – désormais appelée Obayd – devient amie avec Rahim, une autre bacha posh. En sa compagnie, elle va découvrir la liberté…

Mon avis

Ma vie de bacha posh est un roman de Nadia Hashimi. À partir de là, vous savez déjà que je l’ai adoré. Cependant, je dois dire que j’ai souhaité prendre un peu plus de recul avec ce roman : il est publié chez Castelmore, dans la catégorie « à partir de 8 ans » si j’en crois leur site internet. Et, pour le coup, je pense que ce roman n’est pas du tout adapté à un public aussi jeune.
Ce n’est pas tant la violence et l’injustice qu’il met en lumière qui m’a posé problème – je pense qu’il n’est jamais trop tôt pour sensibiliser les enfants à l’égalité des droits entre les hommes et les femmes -, c’est plutôt le langage, la longueur, et parfois même certains épisodes assez flous voire énigmatiques pour un public de cet âge.

Obayda a 10 ans lorsque sa maman décide de faire d’elle une bacha posh. Les raisons de ce changement sont finalement assez peu expliquées, surtout lorsque l’on connaît La Perle et la Coquille (évidemment, ce n’est pas du tout le même public visé). Mais je me suis interrogée à ce sujet : si moi-même je n’ai pas très bien compris pourquoi Obayda était obligée de devenir un garçon, qu’en ressort-il pour un lecteur plus jeune et moins avisé ?

Je pense qu’une réévaluation du public ciblé pour ce roman est absolument nécessaire. Pour moi, c’est une erreur de placer ce roman dans un rayon jeunesse, à partir de 8 ans, car il est inaccessible pour un enfant de cet âge. Il faudrait le placer en littérature adolescente pour être sûr de rencontrer un lecteur réceptif au message et au niveau de langue employé.

En dehors de ces considérations, j’ai moi-même passé une très belle lecture. J’ai beaucoup aimé retrouver Rahima, l’une des deux héroïnes de la Perle et la Coquille, je trouve que c’est un joli clin d’oeil qu’offre l’auteure à ses lecteurs assidus.
C’est un roman qui est évidemment profondément féministe. J’ai aimé Obayda, même si j’ai un petit reproche à lui adresser : elle aime beaucoup sa vie de fille, et a du mal à troquer ses robes pour des pantalons. Mais elle s’y fait vite et ne veut plus redevenir une fille, grâce à toutes ces libertés qu’elle a acquis (ce que je comprends). Cependant, j’ai trouvé que ce n’était pas suffisamment explicité, j’aurais aimé que l’auteure insiste davantage sur ce point.

En conclusion

Un livre jeunesse qui est à mes yeux un peu trop ambitieux pour le public ciblé. Il conviendra davantage aux adolescents qu’aux jeunes enfants de 8 ans et plus. Cependant, l’histoire reste très prenante, et le sujet fondamental. Un ouvrage à faire lire aux ados pour les sensibiliser au droit des femmes en Afghanistan et leur ouvrir les yeux sur le monde qui nous entoure.

La Parisienne

De la même auteure :
La Perle et la Coquille
Si la lune éclaire nos pas
Pourvu que la nuit s’achève