La Servante Ecarlate
Margaret Atwood
La Servante écarlate est une lecture qui m’appelle et m’interpelle depuis pas mal de temps déjà. J’ai commencé à regarder la série l’été dernier, avant de la mettre en pause pour pouvoir lire le roman. Je vais désormais pouvoir la reprendre. J’ai proposé cette lecture pour le Club de lectures féministes en mars. Un grand merci à Noémie, qui m’a gentiment offert ce roman.
Le résumé
Dans un futur peut-être proche, dans des lieux qui semblent familiers, l’Ordre a été restauré. L’Etat, avec le soutien de sa milice d’Anges noirs, applique à la lettre les préceptes d’un Evangile revisité. Dans cette société régie par l’oppression, sous couvert de protéger les femmes, la maternité est réservée à la caste des Servantes, tout de rouge vêtues. L’une d’elle raconte son quotidien de douleur, d’angoisse et de soumission. Son seul refuge, ce sont les souvenirs d’une vie révolue, d’un temps où elle était libre, où elle avait encore un nom. Une œuvre d’une grande force, qui se fait tour à tour pamphlet contre les fanatismes, apologie des droits de la femme et éloge du bonheur présent.
Mon avis
Ayant déjà regardé la moitié de la série, je savais pertinemment dans quel univers je mettais les pieds avant même le début de ma lecture. Je savais qu’il s’agirait d’un roman éprouvant, d’une lecture difficile, d’un livre dont je ne ressortirais pas indemne. Et je ne m’étais pas trompée.
Si vous vous attendez à une énième dystopie dans laquelle tout se termine pour le mieux dans le meilleur des mondes, vous feriez bien de passer votre chemin. Nous sommes ici dans un roman plus adulte, plus mature que la plupart des dystopies que l’on trouve actuellement dans les rayons de nos librairies, mais également plus ancienne, puisqu’elle fait partie de la première vague du genre. Difficile de croire qu’un roman aussi parlant et criant de modernité ait été écrit en 1985.
La Servante écarlate n’est pas le genre de roman que l’on prend plaisir à lire. C’est une épreuve de le reprendre en main après l’avoir mis de côté, ce n’est pas vraiment un livre vers lequel on se tourne par plaisir. Pourtant, il a quelque chose de happant, il est difficile à lâcher une fois que l’on s’est replongés dedans. Comme s’il devenait impératif de découvrir la suite, de savoir comment l’héroïne va agir.
Ce roman peut-il être considéré comme féministe ? À mes yeux, oui. Il nous présente une société où les femmes ont perdu leurs droits, où tout est régi par les Yeux, une entité bien mystérieuse dont on sait peu de choses, au fond, si ce n’est qu’elle censure ce qui dépasse de son cadre. Ces Yeux incarne une forme exacerbée d’extrémisme religieux, tout comme les servantes écarlates vêtues de leur cape rouge et formatée par les tantes.
Dans cette société, le patriarcat est poussé à son paroxysme, et cela porte à réflexion. Est-il si absurde d’imaginer une telle dérive dans un futur proche ? Une société qui régit la natalité par le rituel d’un viol subitement devenu légalement acceptable ? Une société de censure et de privation, où même l’amour d’une femme pour son époux ne suffit pas et dans laquelle les relations sexuelles (et le désir !) sont condamnées et condamnables ?
Toutes ces réactions et ces questionnements sont extrêmement bien décrits par une héroïne qui a le malheur d’avoir connu « l’avant », cette période où la dystopie n’était pas encore en place, où le gouvernement n’avait pas encore exercé son pouvoir malsain pour priver les femmes de leurs libertés tout en glorifiant leur fécondité. Un point de vue renversant sur lequel Defred insiste beaucoup, et c’est bien là tout le problème : elle a connu cette liberté et s’en rappelle.
La seconde partie du roman m’a surprise en me présentant un lieu à part, en dehors de cette société de contrôle permanent. Je ne m’attendais pas à une telle incursion, et cet intermède m’a beaucoup fait réfléchir.
La fin est quant à elle très ouverte, elle laisse libre court à l’interprétation du lecteur et c’est exactement le genre de fin que j’apprécie. Defred a-t-elle fait confiance aux bonne personnes ? A-t-elle bien fait ?
En conclusion
Voici un roman riche, tant pour les nombreuses problématiques qu’il balaye que pour les réflexions qu’il fait naître. Un roman saisissant et glaçant qui nous permet de nous interroger sur les dérives de notre société : la vie de Defred est-elle un extrême aussi impossible que ce que l’on croit ? Après avoir lu ce roman en intégralité, vous n’en serez plus si sûrs. J’ai hâte de reprendre la série pour retrouver les personnages à l’écran. Un roman à découvrir absolument.
La Parisienne
20 mars 2018 at 15 h 52 min
Contente que mon cadeau t’ait plu. Faut que je me mette à la série maintenant.
20 mars 2018 at 15 h 56 min
Yes il faut qu’on en discute !!
20 mars 2018 at 17 h 54 min
J’avoue être très intriguée mais je me laisserais surtout bien tenter par la série!
22 mars 2018 at 10 h 13 min
Elle est vraiment géniale !
21 mars 2018 at 8 h 02 min
Avant même la série j’avais déjà envie de le lire, il me faudrait plusieurs vies pour pouvoir lire tout ce qui me tente ;-) Merci pour ce bel avis !
22 mars 2018 at 10 h 12 min
Alala, je suis également touchée par ce mal…
28 mars 2018 at 12 h 53 min
Je suis contente de voir que tu l’as aimé.
Après six mois de cours sur le livre (et la première adaptation ciné absolument ratée), je suis intarissable sur le sujet !
28 mars 2018 at 14 h 34 min
Ahah il faut que tu viennes à la rencontre alors !
29 mars 2018 at 16 h 18 min
C’est ma prochaine lecture. Je voulais absolument lire le livre avant de regarder la série. Il a l’air vraiment dur mais aussi tellement bouleversant, je suis pressée de m’y atteler.
29 mars 2018 at 16 h 41 min
Il est dur oui, mais à l’image de la série je trouve. Il faut que je finisse les derniers épisodes. :)
8 avril 2018 at 16 h 28 min
Salut :) Ce roman est dans ma bibliothèque depuis un moment, il m’attire et en même temps j’ai un peu peur de le commencer. J’attends également pour commencer la série ^^ mais je sais que je la regarderais en suivant. Il me tarde de découvrir ce dont tout le monde parle dans ce roman …
9 avril 2018 at 9 h 16 min
Je comprends ton appréhension, sache que ce n’est pas vraiment un roman dans lequel on se plonge avec plaisir (il vaut mieux le savoir ^^) mais ça reste une lecture très intéressante et instructive !
9 avril 2018 at 21 h 10 min
Je suis prévenue :O
12 avril 2018 at 13 h 06 min
Coucou ! Ce livre m’attire énormément mais je ne sais pas si j’aurai le courage de le lire… Peut-être que j’essaierai d’abord la série. :)
13 avril 2018 at 11 h 48 min
C’est éprouvant, que ce soit la série ou le livre. Attends toi à quelque chose d’assez marquant :)
13 avril 2018 at 15 h 33 min
D’accord. Je m’en doutais un peu mais merci de prévenir ^_^