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Entre ciel et Lou,
Lorraine Fouchet

Je crois que sans ma copinaute Pretty Books, j’aurais bien été capable de passer à côté d’Entre ciel et Lou. Aussi, lorsqu’elle m’en a parlé au Salon du livre avec enthousiasme et en me le comparant à des valeurs sûres, j’ai été prise d’une furieuse envie de le découvrir, à l’aveugle, sans même savoir de quoi il parlait. Je remercie très chaleureusement les éditions Eloïse d’Ormesson pour cette lecture.

Le résumé

Bretagne. Jo prévoit de profiter d’une joyeuse retraite sur l’île de Groix. Mais la deuxième vie qu’il imaginait aux côtés de sa bien-aimée, il devra l’inventer seul. Son épouse est partie avant lui, en lui lançant un ultime défi : celui d’insuffler le bonheur dans le cœur de leurs enfants. Il n’a d’autre choix que d’honorer Lou, sa mémoire et ses vœux. Entre un fils sur la défensive et une fille cabossée par l’amour, la mission s’avère difficile mais réserve son lot d’heureuses surprises – car il n’est jamais trop tard pour renouer. En famille, on rit, on pleure, on s’engueule et, surtout, on s’aime !

Mon avis

Comme je vous le disais précédemment, j’ai découvert Entre ciel et Lou à l’aveugle. L’enthousiasme de Pretty Books m’avait tellement été communicatif, que je n’avais pas voulu être influencée par son contenu. Je n’avais d’ailleurs même pas lu sa chronique avant d’ouvrir le roman ! J’avais envie de m’immerger sans influence extérieure, en apprivoisant progressivement les personnages, et en m’appropriant leur histoire.

J’ai été saisie dès les premières pages par la poésie ambiante qui se dégage de l’écriture de Lorraine Fouchet. Je pense que vous connaissez mon goût pour ces jolis styles si simples qui, en quelques mots, vont à l’essentiel tout en nous exploitant la beauté de notre langage. C’est ce que j’apprécie notamment chez Agnès Martin-Lugand, Valérie Perrin, Angélique Barbérat ou Agnès Ledig. C’est ce que j’ai retrouvé ici avec force.

Le récit que nous conte l’auteur est puissant, empreint d’un sentiment identitaire vis-à-vis de la Bretagne, et plus particulièrement vis-à-vis de Groix, cette petite île au large de Lorient comptant quelques 1000 habitants. Je suis souvent dubitative envers les sentiments communautaires, j’ai du mal à m’y identifier. Pourtant, ici, la culture bretonne n’a pas été un frein à ma lecture. J’ai au contraire compris et partagé l’attachement des personnages pour leur belle île. 
Après le style, la seconde force de ce roman est pour moi ses protagonistes. Il m’est impossible de vous dire à quel point je les ai adorés ! Pomme, Jo, Lou, Charlotte… Sarah, Cyrian, et même Albane, un peu. J’aime ces livres où chacun trouve sa voix, sorte de démocratie dans laquelle tout le monde a le droit de s’exprimer. Tour à tour, nous entrons dans la tête des personnages pour comprendre leurs douleurs, leurs sentiments, leurs failles. Pour mieux les comprendre, eux, avec leurs actions et leur comportement.

Pomme et Charlotte sont probablement les deux héroïnes qui m’ont le plus marquée, avec cette nuance qu’elle s’exprime avec un peu trop de maturité pour leur jeune âge. Deux petites filles aux mêmes origines, chacune avec leur douleur, chacune vivant l’absence de leur père à leur manière… Deux petites filles qui s’apprivoiseront et apprendront à s’aimer. J’ai adoré les suivre de plus près, et leur évolution m’a fait chaud au coeur.

Les premières lignes sont un hommage à la mort de cette Lou disparue. Une femme, une mère, une grand-mère qui laisse derrière elle toute une famille désemparée qui ne sait pas très bien comment s’aimer. Chacun des personnages, prenant la parole tour à tour, s’adresse à elle, lui parle comme si elle était encore là. Cet effet s’efface progressivement, pour que chacun grandisse, fasse son deuil, évolue. Sans oublier Lou, son entourage apprend à vivre sans elle.
C’est pourtant la disparition de cette Lou qui soudera plus que jamais sa famille à travers une figure patriarcale parfois absente, autour de l’incroyable défi de rendre leurs enfants heureux.

En conclusion

Voilà une magnifique lecture qui permet de s’attacher à des personnages incroyables d’humanité, de beauté, de tendresse, d’amour. Ce sont probablement ces protagonistes qui me resteront le plus longtemps en mémoire. J’ai appris à les aimer, à les comprendre, et j’ai partagé quelques 400 pages de leur histoire sans même m’en apercevoir. J’en aurai voulu davantage encore ! Le style de Lorraine Fouchet m’a transportée et m’a fait voyager jusqu’à cette petite île de Groix, en Bretagne, et je n’ai qu’une hâte : être de son prochain voyage.

6 Je recommande

La Parisienne