Petites Reines
Jimmy Lévy

Il y a peu de temps, j’ai eu la chance d’être conviée à la rentrée littéraire des éditions Le Cherche-Midi, dont j’aime souvent les parutions (merci Benoît !). A cette occasion, j’ai découvert Jimmy Lévy et son premier roman, Petites Reines, qui avait tout pour me plaire. Avertie de son contenu pouvant être choquant, je me suis lancée dans cette lecture avec beaucoup d’attentes. Merci aux éditions Le Cherche-Midi pour cette lecture.

Le résumé

Deux femmes, que rien ne semble lier, témoignent sur un moment de leur vie. En 1952, au milieu du désert, Anoua, presque adolescente, tente de trouver un moyen d’échapper au cruel et traditionnel traitement que lui réserve la tribu dans laquelle elle est née. En 2001, dans une villa californienne, une vieille femme riche et aigrie rêve d’oublier les souvenirs d’une vie bien remplie.

Mon avis

Les deux premières pages de ce roman donnent le ton : ce livre sera incisif, cru, dur, et ne laissera pas son lecteur en sortir indemne. Lorsque je l’ai commencé, j’étais dans le train, et j’ai dû le refermer tellement l’écoeurement était profond. Quel pouvoir peuvent parfois avoir les livres ! En l’occurrence, ces deux premières pages ont provoqué un profond sentiment de dégoût, un malaise physique que j’ai eu du mal à effacer, et qui n’a évidemment fait que s’aggraver à mesure que je progressais dans ma lecture.

Tout au long du récit, nous allons côtoyer deux protagonistes : d’un côté, Anoua, dans un espace-temps volontairement flou. Elle est probablement celle qui m’a le plus touchée, celle dont j’attendais avec impatience le retour à chaque nouveau chapitre. J’ai craint pour sa vie, j’ai été horrifiée par toutes les épreuves qu’elle a traversées, j’ai été tour à tour choquée, indignée, dégoûtée, écoeurée par tout ce qui lui arrive. De l’autre côté, nous avons Queenie, une héroïne qui prend la parole en 2001 et revient sur son quotidien de personnage âgée en fin de vie, et sur sa vie d’avant et les éléments qui l’ont jalonnée.
Tout au long du roman, j’ai attendu qu’enfin leurs deux existences s’entremêlent, j’ai attendu une explication que j’ai trouvée un peu bâclée, ou tout du moins très rapidement évincée.

Il y aurait beaucoup à dire sur ce roman, et sur les réflexions qu’il a fait naître en moi. L’auteur partage ses considérations sur le rôle de la femme dans la société, dans deux sociétés différentes, sur l’image qu’a l’homme de la femme, sur l’indépendance et la quête de liberté de la femme… Vous l’avez compris, c’est un roman sur la condition de la femme, mais qui ne m’aura pas touchée comme un livre de Nadia Hashimi. C’est peut-être la façon dont le sujet est traité, ou le mode de narration qui est assez froid et impersonnel finalement.
Si le sujet était important et évidemment très intéressant, je suis assez déroutée de la ligne directrice que l’auteur emprunte. Je crois n’avoir pas saisi le sens de ces propos, « l’utilité » du roman (et je mets des guillemets, car la littérature doit-elle nécessairement être utile ? Je ne pense pas, mais à mes yeux elle sert toujours un but : le divertissement, l’information, la sensibilisation…).

Dernier détail : évidemment, pour toute intrigue qui se déroule en 2001, le passage « 11 septembre » finit par intervenir. Mais dans quel but ? Je n’ai vraiment pas compris l’intérêt. Toute cette histoire aurait très bien pu se dérouler en 2000 ou en 2002. Je ne comprends vraiment pas en quoi il était nécessaire de faire intervenir cet élément historique qui a certes bouleversé notre monde mais qui n’a pourtant absolument aucune incidence sur le fil de l’histoire.

En refermant Petites Reines, j’en suis toujours à m’interroger : ai-je aimé ce livre ou non ? Aucune réponse ne me vient. Pourrai-je le recommander ? Difficilement, car je ne sais pas à quel public il pourrait s’adresser. Vous l’aurez compris, il s’agit d’un roman très particulier dont il est difficile de parler.

EDIT du 18 octobre : J’ai lu ce roman cet été, et depuis, j’ai pu en discuter avec des copinettes lors d’une session club de lecture organisée par les éditions le Cherche-Midi. Et je dois vous avouer que cette discussion m’a ouvert les yeux sur la signification de certains passages. J’ai l’impression d’être passée à côté de ce roman car je n’avais pas les clés pour l’appréhender, mais je ne me sens pour autant pas la force de me replonger dans cette lecture. Ce qui est dommage, c’est que cela en fait un livre assez peu accessible pour le grand public. Mais d’un autre côté, c’est un roman qui reste en mémoire, qui marque, et qui nous fait nous interroger. Si certains d’entre vous tentent cette lecture, je serais ravie d’en discuter avec vous pour vous faire part de ce que nous avons compris à partir de notre conversation collective.

En conclusion

Je ressors assez déroutée de cette lecture dont j’attendais beaucoup, peut-être un peu trop. Les premières pages m’ont horrifiée, pourtant je me suis très vite attachée au destin de cette petite reine africaine, sans pour autant obtenir la révélation qui me manquait sur le lien entre son destin et celui de Queenie. Je n’ai, en réalité, pas saisi l’intention de l’auteur à travers ce roman, et j’en sors déçue parce que je m’attendais à une claque qui, certes, est passée à travers la brutalité des mots et des actes décrits, mais qui ne m’a pas saisie d’émotions. Voici une lecture dont je serais curieuse de débattre avec vous.

La Parisienne