Gros sur le coeur
Carène Ponte

La première version de ce roman, je l’ai reçu dans ma boîte mail, il y a au moins un an de cela. Il s’intitulait à l’époque « Mélissa sac à gras ». Je suis heureuse pour amie Carène qu’il soit sorti sous le titre Gros sur le coeur, et avec une si jolie couverture. Je remercie les éditions Michel Lafon pour cette lecture.

Le résumé

C’est l’histoire d’une adolescente sans doute un peu trop ronde, sans doute un peu trop fragile.
C’est l’histoire d’un nouveau lycée, des yeux qui dévisagent, des yeux qui jugent.
C’est l’histoire d’un professeur d’allemand qui séduit.
Mélissa, 17 ans, suit ses parents dans une nouvelle ville, un nouveau lycée.
Année de terminale sur la corde raide. Année charnière entre dégoût de soi, et renaissance.

Mon avis

Il m’est vraiment très difficile d’écrire une chronique sur ce roman. Non seulement parce que je connais Carène personnellement, mais également parce que ce roman s’inspire de son vécu. Qui sommes-nous après tout pour juger du vécu des autres, des épreuves (aussi douloureuses que celles-ci) qu’ils ont traversées, du courage qu’il leur a fallu pour en parler ? Personne. Nous ne sommes personne pour juger de cela. C’est la raison pour laquelle mes chroniques (et celle-ci en particulier) reposent sur ce que j’ai ressenti à ma lecture, et en aucun cas sur l’histoire personnelle de Carène. Les choses étant dites, entrons dans le vif du sujet.

Ce roman est douloureux, difficile. Je n’ai malheureusement pas pris de plaisir à le lire car je ressentais bien trop la souffrance de Mélissa pour parvenir à « apprécier » ce que je lisais. Cela fait écho à des moments difficiles de mon adolescence également – les brimades, les moqueries, pour d’autres raisons et à bien moindre degré. C’est l’adolescence dans tout ce qu’elle comporte de plus bête, de plus méchant, de plus humiliant, de plus pervers qui nous est étalée là. Qu’est-ce donc que l’adolescence, si ce n’est une lutte de pouvoirs ? Les populaires contre les autres, les minces contre les autres, les bien intégrés contre les autres, les…
C’est tristement honteux de lire une telle histoire, surtout lorsqu’on sait quelle part de vérité elle contient, car elle met en avant ce que l’être humain a ou est de plus ignoble.

Pour autant, lire ce genre de roman est nécessaire. Pourquoi, par confort, éviterais-je un sujet douloureux comme celui-ci ? Ca ne consisterait qu’à fermer les yeux, à détourner le regard. Non, ce roman est dur car il est vrai, malheureusement, et j’ai conscience de la portée pédagogique et de l’aide qu’il peut apporter à des ados qui se sentiront concernés eux aussi par ces problèmes.

En revanche, je dois vous avouer que j’attendais plus de cette lecture. Je n’ai pas été surprise par les événements, j’ai même trouvé le tout très très cliché et cela m’a dérangée. Je sais que nous sommes dans un roman adolescent, c’est un genre qui peut s’accommoder des clichés. Mais je vous avoue que les clichés ont tendance à m’ennuyer dans une lecture : je ne vois pas ce qu’un roman peut m’apporter si je peux prédire à l’avance comment il va se dérouler. Je suis dure avec ce livre, j’en ai conscience : j’aime les romances ou les livres « feel-better » parce que j’ai envie de me sentir bien et de me détendre, même s’ils sont prévisibles, par exemple. Mais ce n’est pas ce que j’attendais de Gros sur le coeur.
Je trouve qu’on reste relativement en surface du problème, qu’on n’entre pas suffisamment dans les sentiments – que ce soit la colère, le mal-être, ou même les joies de Mélissa, car il y en a. J’aurais aimé être davantage dérangée, être davantage secouée. Je sais que ce doit être très dur d’écrire un roman de ce type. Malgré tout, j’ai trouvé l’intrigue rapide et je suis restée sur ma fin.

En conclusion

Qu’il est difficile d’écrire au sujet d’un roman que l’on sait tiré d’une expérience personnelle ! Mon ressenti sur cette lecture est mitigé : je sais le sujet important et il est nécessaire de mettre à disposition des adolescents une littérature qui leur est adressée et qui leur parle de ces thématiques. Pour autant, je trouve que le roman effleure le coeur du sujet, avec beaucoup de clichés et de facilités narratives, qui m’ont laissée plus en retrait de cette lecture que ce que j’aurais voulu. Un roman à lire malgré tout pour le message qu’il véhicule.

La Parisienne