Au petit bonheur la chance
Aurélie Valognes

Cela fait moins d’un an que j’ai découvert les écrits d’Aurélie Valognes, et elle s’est immédiatement placée dans mon petit pool d’auteurs français à suivre assidument (comme beaucoup d’auteurs des éditions Mazarine, une maison que je chéris de tout mon coeur). Alors naturellement, je me suis tout de suite intéressée à son dernier roman, dont le résumé me promettait quelque chose d’un peu différent. Je remercie les éditions Mazarine pour cette lecture.

Le résumé

Jean 6 ans , se retrouve confié à sa grand-mère, lors de la séparation de ses parents, en 1968. Sa mère part à Paris pour trouver un emploi et reviendra le chercher. Il se retrouve chez mémé Lucette, et une formidable histoire d’amour va se dérouler entre ces deux êtres qui vont apprendre à se connaître, à cohabiter et à s’aimer.

Mon avis

Aurélie Valognes est une auteure que je suis depuis quelques temps, j’ai commencé ma découverte de ses écrits avec Mémé dans les orties, qui avait été une déception, heureusement compensée par En voiture Simone ! Je suis heureuse d’avoir pu lire son nouveau roman qui, à mes yeux, marque un vrai tournant dans sa vie d’auteure, je vous explique pourquoi.

Les premiers romans que j’ai lus d’Aurélie Valognes (attention il me manque Minute Papillon pour vous faire une chronique vraiment exhaustive et complète) sont très différents de cette nouvelle publication. Il y avait beaucoup d’humour, de la sensibilité, mais il me manquait un petit quelque chose que j’ai eu la surprise de découvrir dans ce nouveau roman : de l’émotion et de l’engagement.
Au petit bonheur la chance est un roman qui nous présente des personnages attachants, la marque de fabrique d’Aurélie Valognes : Jean, que j’ai aimé de tout mon coeur, et sa mémé Lucette, une brave femme qui m’a elle aussi beaucoup touchée. Sans oublier Lucien, Anita, Serge, les cousins, Tante Françoise…

Ce roman se déroule dans les années 60, il m’a permis de me rendre compte de la chance que j’avais de vivre en 2018, d’être née en 1992, d’avoir pu bénéficier des actes et des combats de mai 68, d’avoir tout simplement des droits qui n’existaient pas il y a à peine 100 ans.
Au petit bonheur la chance nous présente une forme d’engagement que j’ai beaucoup appréciée, on y parle avortement, liberté de la femme, sexisme aussi. On y parle de la difficulté d’être accepté à Paris lorsque l’on vient de province, de la stigmatisation des gauchers à l’école, de l’image de l’Allemagne qui perdure après la guerre, du combat des études contre les a priori des professeurs qui font abstraction des capacités de l’enfant pour privilégier uniquement son statut social.

Vous l’aurez compris, c’est un roman riche qui balaye de nombreux sujets sociaux, et qui brossent un portrait plutôt complet de la société de la fin des années 60. J’ai aimé ce mélange de sujets, cette prise de position et de parole forte et assumée. J’ai aimé toutes ces questions que balaient Aurélie Valognes, toute cette profondeur qui me manquait dans ses romans précédents. Et c’est fait avec brio, car en plus de tout cela, on suit une histoire que l’on a vraiment envie de découvrir, on s’interroge, on tremble pour Jean. Bref, une vraie réussite !

En conclusion

J’ai profondément aimé ce roman, qui m’a semblé bien plus abouti que les précédents que j’ai pu lire de l’auteure. Le ton change, même si l’on retrouve la sensibilité et l’humour d’Aurélie Valognes. Il est ici question de rapports beaucoup plus profonds entre les individus, il n’y a pas seulement de la bonne humeur, il y a aussi du drame et de l’engagement, et j’ai beaucoup aimé cet aspect. Un roman que je vous recommande chaudement.

La Parisienne

De la même auteure :
Mémé dans les orties
En voiture Simone